Les origines de Lecelles

Ce texte, publié en plusieurs parties dans le bulletin paroissial de Lecelles, a été rédigé par Michel Drappier (1931-2003).


Les travaux de rénovation qui viennent de transformer la Rue Neuve et quelques rues adjacentes inspirent une certaine fierté aux Lecellois, et à leurs élus qui en ont assumé la responsabilité. Et considérant les nombreuses constructions faites dans le village au cours des dernières années, ils sont nombreux à penser que leur village vient de connaître un moment exceptionnel de son histoire. Ils estiment enfin que tout ceci a pu être fait sans engager irrémédiablement l'avenir, grâce à l'adoption d'un plan d'urbanisme, qui a discipliné les manifestations d'une vitalité qui eut pu être anarchique.

Il est vrai que depuis la première guerre mondiale, Lecelles n'avait plus connu pareille fièvre de bâtir, et c'est bien là qu'on mesure les graves conséquences des lourdes pertes humaines entrainées par ce conflit. Néanmoins ce serait être injuste envers les générations qui nous ont précédé, celles dont aucune pierre à l'église ou au cimetière, sauf quelques rares exceptions, ne nous rappelle les noms, que de croire que nous serions les premiers à conjuguer esprit d'entreprise et sens de la prévision. Ces travaux qui s'achèvent nous le rappellent justement : en effet, ils sont la continuation d'un vaste projet mis en œuvre vers les années 1750, qui visait à substituer à l'ancien centre du village groupé autour de la vieille église (près du Pont des Turcs), trop excentrique, un vrai centre s'agglomérant autour d'une nouvelle église, notre église actuelle, sur un nouveau trait d'union entre les deux parties du village sises sur chacune des rives de l'Elnon, qui est justement notre Rue Neuve.

La mise en œuvre de ce projet s'est tendue presque sans discontinuité jusqu'à nos jours, puisqu'à la percée de la Rue Neuve sont venues ensuite s'ajouter celles de la Rue Bouchart, de la Rue Neuve prolongée, de deux portions importantes de la Route de Roubaix, ramenant à l'église le trafic St-Amand -Lille, qui empruntait jusqu'alors le Grand'Chemin, et enfin, il y a une vingtaine d'années, de la Rue Davaine.

Mais Lecelles n'est pas né en 1750, ni même lorsque les moines sont venus s'installer sous la conduite de saint Amand sur les bords de la Scarpe et de l'Elnon, et les lecteurs du bulletin paroissial seront peut-être intéressés de connaître les événements qui ont conduit notre village à voir son centre installé successivement en des lieux si distants l'un de l'autre.

1 - Gonsiniacas


Lecelles était probablement habité bien avant que les Romains n'aient conquis la Gaule. La seule indication qui nous soit donnée par l'histoire écrite, l'est par un document des archives de l'abbaye de St-Amand, le diplôme de 937, qui précise simplement que Lecelles s'appelait autrefois "Gonsiniacas". Toutefois les documents d'archives ne sont pas la seule source dont nous disposions pour étudier l'histoire d'un village. Il ne faut pas oublier, comme l'écrit M. Roger Agache, l'éminent archéologue qui a renouvelé l'image que nous nous faisions du passé lointain de nos régions, que "notre paysage rural, si légèrement abandonné aux incompétences, est le plus extraordinaire des monuments historiques; entièrement façonné par l'homme, il garde d'innombrables empreintes du passé". Or notre campagne lecelloise, établie sur un réseau fort dense de fossés, difficilement modifiable, car ceux-ci sont tout naturellement creusés dans ses parties les plus basses, assure particulièrement bien la pérennité de ces Empreintes. Vues du sol, ces empreintes sont-rarement évidentes, mais il en est tout autrement lorsqu'elles nous sont montrées vues du ciel grâce à la photo aérienne, ou lorsque s'identifiant à des chemins ou des limites de propriété, de maisons, ou de champs, elles sont reportées sur les plans cadastraux.

Mais revenons aux origines de notre village. Gonsiniacas appartenait au peuple des Ménapiens, qui regroupait à l'ouest de l'Escaut des anciens habitants de la Gaule Belgique refoulés au 3° Siècle avant J.C. par les invasions belges venues d'au-delà du Rhin. Son nom signifierait "qui a été créé en vue (d'un autre lieu)", lieu qui me parait être Maulde, qui dans la même ligne étymologique, aurait lui-même le sens de "mont". Ce nom de "Gonsiniacas" semble devoir s'appliquer au village primitif, qui se trouvait dans la portion de la Rue Lasson où se trouve la ferme de M. Jean Davaine, notre maire, et à proximité d'un point d'eau constitué par la mare de la Vanque. Le village était probablement très petit, mais son terroir, c'est-à-dire l'ensemble des champs cultivés par ses habitants, recouvrait déjà la plus grande partie de la portion du territoire de notre commune située sur la rive gauche de l'Elnon (coté Mairie). ''Gonsiniacas" se trouvait à proximité d'une voie venue sans doute de Bouvines en passant par la Howarderie, et gagnant la région de Condé en franchissant la Scarpe entre St-Amand et Nivelles. Cette voie, ancêtre de notre Rue des Fèves, ne suivait que partiellement le tracé de celle-ci, entre la Boulangerie Fourmy et le passage à niveau de la Rue des Fèves. Le chemin rural qui mène de la Boulangerie Fourmy à Wabimpré nous donne son tracé primitif vers la Howarderie, tandis que nous retrouvons dans la Carrière de la Perdrix le tracé approximatif du tronçon méridional menant à la Scarpe.

Plus à l'écart du village, une autre voie, sans doute postérieure à la précédente, conduisait de Maulde, en passant par l'emplacement du fort actuel,à cette dernière qu'elle rejoignait derrière les anciennes Tanneries du Nord. Cette voie qui subsiste encore en partie sous le nom de Rue Sourtaine, s'est perpétuée dans-son tracté intégral jusqu'à la Révolution Française, est à l'origine de notre Route de Tournai actuelle.

On voit qu'à la veille de la conquête romaine, quelques éléments essentiels de notre village actuel sont déjà en place : d'une part, ce qui constituera le quartier de la mairie avec les portions de la Rue Lasson et de la Rue des Fèves comprises entre la Rue Davaine et le passage à niveau de la Rue des Fèves, et d' autre part les grandes lignes de notre terroir avec ses coutures, ses chemins et ses fossés. Il semble qu'il en soit de même pour la partie du village située sur la rive droite de l'Elnon (coté Église), mais je pense que cette partie étant complètement étrangère à Gonsiniacas, il conviendra d'y revenir plus tard.

2 - La conquête romaine

Le passage de La Gaule sous la domination de Rome a laissé lui, aussi bien des empreintes dans nos paysages : il y a d'abord celles de la guerre de conquête avec les camps des légions romaines, les citadelles gauloises, et les voies créées par les nouveaux maîtres de la Gaule pour mieux asseoir leurs domination; il y a ensuite celles laissées par la politique de romanisation qui, en organisant les peuples gaulois sur le modèle des cités romaines, a remodelé le pays à l'image de l'Italie. Bien sur cela a entraîné dans nos villes et nos campagnes la multiplication de constructions de tout genre, parfois somptueuses : ouvrages d'art, temples, thermes, villas, mais cela a aggravé aussi les divisions de la société gauloise, qui s'est partagée en une aristocratie liée à une classe privilégiée, jouissent du statut de citoyen romain, et en une classe paysanne conduite peu à peu à la ruine par la lourde charge des impôts destinés à financer cette politique de prestige. Beaucoup de paysans devront aliéner leur liberté et glisseront vers un statut proche de l'esclavage, qui se perpétuera d'ailleurs jusqu'au Moyen-Age sous le nom de "servage". Ces serfs seront employés, avec des prisonniers de guerre réduits à l'esclavage, à la mise en valeur de domaines souvent très vastes, appelés "latifundia" qui se constituent autour de villas groupant maison de maître, demeures des régisseurs et bâtiments d'exploitation.

Notre région a connu elle aussi la conquête romaine puis ce processus de romanisation : tous deux ont laissé des empreintes dans notre campagne lecelloise Tout d'abord nos ancêtres ont essayé de se soustraire aux périls de la guerre en trouvant asile dans une boucle de l'Elnon voisine du Pont des Turcs. Cette boucle est aujourd'hui disparue, mais son tracé en reste parfaitement visible, puisque le ruisseau de la Basse-Frête qui coule en contrebas de la Rue des Fèves a emprunté le lit de la rivière. Les promeneurs peuvent parcourir l'espèce de presqu'île très allongée qui était enserrée par l'Elnon. Étant maintenant vouée aux labours, ils reconnaîtront aisément ses contours délimitée par les terres basses exploitées en prairies. Ces prairies constituent le lit majeur de la rivière, entièrement recouvert par les eaux, quand celle-ci est en crue. Quand il y avait péril, on noyait ces prairies en barrant l'Elnon entre Lecelles et Saint-Amand. Toutefois ces inondations ne suffisant pas à protéger complètement ceux qui y avaient cherché refuge, il est probable qu'une palissade avait été en outre érigée dans la partie la plus étroite de la presqu'île. Les promeneurs remarqueront sur son flanc nord une légère saillie des labours qui pourrait correspondre à l'amorce d'une teille palissade Ce retranchement était relié à Gonsiniacas par une piste qui a donné naissance à la partie de la Rue des Fèves comprise entre le passage à niveau et le virage situé à mi-distance de la Rue René-Dumont et des Ets Deltombe (face au n°59). Par ailleurs il était encore possible de gagner rue Sourtaine -Rue des Fèves primitive par une autre piste qui est à l'origine de la Rue de la Perdrix.


Comment c'était appelé ce retranchement? il est impossible de trancher ce point de manière certaine, néanmoins il semble douteux qu'il aie porté celui de "cella" (Lecelles) qui a du désigner l'édifice religieux édifiée plus tard sur la rive opposée de l'Elnon. Il nous faut donc rechercher parmi les toponymes mentionnés dans les archives et auxquels il est impossible d'assigner de localisation, s'il s'en trouve qui pourrait convenir. Or ces archives mentionnent à plusieurs reprises (en 937 la première fois) un lieu de Lecelles appelé "Warraci mortarius" (qui a évolué plus tard en "Waramortier"), en français le "Bourbier de Warraco". La ligne étymologique à laquelle je me suis référé à plusieurs reprises, nous donne comme correspondant possible au mot "Warraco" le verbe "vras" qui 'signifie "tuer, frapper" ; si l'on considère que le même verbe est vraisemblablement à l'origine du mot anglais "war" (guerre), on admettra que ce mot ayant trait à la guerre a des chances sérieuses d'être celui que nous cherchons.


Nous avons vu que les voies romaines constituaient un autre type d'empreintes laissées par la guerre de conquête. Or notre région en connaît plusieurs qui constituent avec les voies gauloises un véritable quadrillage, qui en atteste bien .le caractère tout d'abord militaire. La plus connue est bien sûr la voie Tournai-Bavai, encore appelée "Chaussée Brunehaut", qui a donné naissance, entre autres, à la Grand'Rue de Maulde.I1 y a encore la voie Bléharies-Bouvines, pratiquement disparue et qui remplissait la même fonction de liaison régionale que la rue des Fèves primitive; sans doute sa construction provoqua-t-elle le déclin de cette dernière, car c'était une vraie chausse empierrée. Il y eut aussi une voie Tournai-Howarderies, élément d'un itinéraire Tournai-Cambrai. Mais celle qui nous intéresse le plus en tant que Lecellois est la voie conduisant de Mortagne à Marchiennes, qui a rempli pendant prés de 1500 ans dans la vie locale le rôle tenu aujourd'hui par l'axe Rue Bouchart -Rue Davaine - Rue Neuve - Rue Neuve prolongée. Cette voie doublait la Scarpe d'alors de la longueur de son cours, moins grande que celle de son cours actuel, ne pouvait jouer un rôle de communication comparable à celui qu'elle tient aujourd'hui. Cette voie, qui est à l'origine de la portion de la Rue René-Dumont adjacente à la Route de Tournai (ancienne Rue Perdue), traversait dans toute sa longueur la boucle de l'Elnon où nos ancêtres cherchaient refuge, et passant par le Point du Jour gagnait l'Alêne d'Or à Rosult ; à partir de ce point son tracé se confond avec celui de la route St-Amand-Marchiennes. Les promeneurs qui iront reconnaître le site de l'ancienne église, remarqueront à quelques vingt mètres en aval du Pont des Turcs dans les berges de l'Elnon actuel quelques lits de-pierres (vestiges de chaussée ou d'un ancien pont?) qui Marquent son point de passage.

Plus tard, de la Chaussée Brunehaut à la Rue du Doignon, le long de la voie, un vaste domaine (latifundium) s'est constitué autour d'une villa située au Grand Manoir à Thun Ses limites et ses divisions même restent apparentes dans notre parcellaire.

La villa était édifiée sur le territoire de la commune de Thun, entre la Cité du Maroc et le hameau du Rieu, un peu en retrait d'une piste secondaire (qui a donné naissance au chemin de l'Alouette) qui reliait Lesdain à Thun et qui formait sans doute la limite septentrionale du domaine. La voie de Marchiennes, dont la portion la plus proche de Mortagne est à l'origine de la Rue du Grand Manoir, en formait, au moins à Lecelles, la limite sud-est. La limite nord-ouest était constituée par une piste partant du bas des pentes méridionales du fort de Maulde au carrefour de la piste de Lesdain et de l'ancienne voie de Maulde à St-Amand. Elle traversait la Rue de Chorette au niveau du double virage en "S" voisin de la Route de Tournai, pour suivre ensuite jusqu'à l'Elnon un tracé très voisin de celui de la voie ferrée Lecelles-Mortagne. Elle a donné naissance sur la rive droite (coté église) à notre Rue des Buissons et à notre Rue du Doignon qui formait la limite occidentale du latifundium.

La voie de Marchiennes et la piste nord-ouest délimitaient entre la Rue de Chorette et la Brasserie du Corbeau une zone approximativement circulaire au centre de laquelle la photographie aérienne montre les traces d'un édifice dont le plan s'apparente à celui de nombreux sanctuaires ruraux découverts en Gaule. Je citerai à ce propos une légende rapportée par V. de Courmaceul, écrivain du XIX° siècle, auteur d'une histoire de St-Amand, qui rapporte la destruction par saint Amand d'idoles païennes dans un temple de Mercure proche des thermes d'Elnone (St-Amand thermal).

L'installation de ce latifundium aux lisières sud-est de Gonsiniacas a amputé ce village d'une partie importante de son terroir, et on peut penser que ceci a déterminé une extension du terroir primitif à l'opposé, c'est-à-dire vers le nord-ouest. La photo aérienne semble corroborer cette supposition, puisqu'on observe entre les voies issues de Gonsiniacas les traces de ce qui était sans doute un hameau, sur le coté nord-ouest de la Rue Paul-Davaine, dans ce que nous appelions aujourd'hui la Froidure. Ce hameau était probablement fortifié, et une partie de ces fortifications subsisteraient de nos jours sous la forme des profonds fossés bordant le court tronçon de la Rue des Fèves actuelle comprise entre l' Embranchement de la carrière menant à Wabimpré (tracé primitif de la Rue: des Fèves) et la Ferme de M. Maurice Sourdeau. La création de ce hameau ne correspond pas forcément à un développement de Gonsiniacas : il n'y a eu peut-être que transfert de ses habitants en un site à la fois mieux situé par rapport à la nouvelle configuration du terroir, et mieux adapté aux nécessités de protection contre les invasions barbares qui commencèrent à déferler sur la Gaule à partir du 2° Siècle. En tous cas, ce déplacement se poursuivra au cours des siècles, car ce site, de la Froidure sera à son tour abandonné, et l'habitat finira par se fixer encore plus au nord pour donner naissance au quartier de la Rue du Carlier. On remarquera que la "couture" située entre la Froidure et cette rue du Carlier porte le nom de «Clair Mortier", qu'il est intéressant de rapprocher "Waramortier", ce qui implique une relative, contemporénéité des deux sites.


3 - La rive droite

Si les Chercheurs qui se sont intéressés à l'histoire du pays de St-Amand, se sont fait une image très floue de ce qu'était la rive gauche autrefois, faute de disposer du précieux moyen de recherche que constitue la photo aérienne, celle qu'ils se sont faite de la rive droite était par contre très précise. S'appuyant sur le texte du diplôme (apocryphe) par lequel Charles le Chauve confirmait la donation faite par Dagobert à saint Amand "du pays s'étendant entre Scarpe et Elnon, avec Les forêts qui l'entouraient''. Ils en déduisaient qu'à l'époque de la fondation de l'Abbaye la forêt de St-Amand s'étendait sans discontinuité au delà de la Scarpe sur toute la rive gauche de l'Elnon et englobait en outre les bois de Rongy, de Lesdain et de Howarderies qui se trouvent sur sa rive droite. Cette opinion était conforte par divers faits : tout d'abord le témoignage de Jonas de Bobbio, un compagnon de saint Amand qui deviendra abbé de Marchiennes, qui évoquait la nature impénétrable de ces forêts, ensuite la relative abondance des noms en "sart" (Flamsart, le Grand Sart, Sars et Rosières), qui rappellent que les lieux ainsi désignés sont nés sur des défrichements, et enfin le fait que des lambeaux de forêt y ont subsisté jusqu'au 18° Siècle, en particulier au Roteleux et au Saubois.

On peut reprocher à cette opinion de manquer de nuances, dans la mesure où elle suggère que l'état boisé et une présence humaine de quelque importance s'excluent réciproquement. Or il suffit de se référer à la monographie que M. Bernard Du flot a consacrée à Saméon, dans laquelle il souligne l'origine gauloise des noms de quelques fermes de ce village, pour se rendre compte que cela n'était pas exact.

L'étude de la topographie locale nous apporte à ce sujet des informations que ne peut donner la seule toponymie. On observe en effet, en excluant bien sûr les apports modernes tels que la route de St-Amand à Orchies (RN 350) percée au cours de la seconde moitié du 18° Siècle, que toute cette rive gauche de l'Elnon est parcourue d'une série de chemins, aujourd'hui routes ou simples voies de desserte rurale, tous parallèles à l'Elnon. Ils s'allongent depuis la Scarpe jusqu'à la Région d'Aix-les Orchies et s'échelonnent de l'Elnon à la forêt de Marchiennes. Ils sont coupés de quelques voies perpendiculaires, qui créent des carrefours, sur quelques-uns desquels ont été implantées les églises de Landas, Saméon, Rumegies, Rosult, Sars-et-Rosières et la chapelle du hameau de la Bruyère.

Le plan ci-joint montre la partie de cette rive droite la plus proche de St-Amand et de Lecelles. On voit que notre rue des Bauduins et notre rue du Grand' Chemin (avec ses prolongements que constitue l'actuelle route nationale de St-Amand à Cysoing (RN 355) ), font partie de ce système de voies parallèles à l'Elnon. On observera surtout que la présence au sud-est de l'agglomération de St-Amand, n'a pas perturbé ce schéma, ce qui implique que ces chemins avaient leur tracé fixé avant le développement de la ville. Par contre la voie gallo-romaine conduisant de Marchiennes à Mortagne a provoqué de nombreuses modifications de leur tracé à son voisinage. C'est ainsi que la rue de Fréchy à Saméon se raccorde à cette voie aux environs de Waramortier, au lieu-dit Le Point du Jour", par une bretelle qui est à l'origine de notre rue du Grand-Sart. Il n'est pas possible de dire si le point d'attraction qui a motivé cette déviation de la Rue de Fréchy vers l'Elnon, était Waramortier, ou au contraire notre ancienne église, que j'évoquerai au chapitre suivant, mais tout au moins peut-on admettre que ce système de chemins est contemporain ou antérieur à la voie gallo-romaine et est donc d'origine gauloise. C'est sur ce point que les recherches faites par Mr Duflot apportent une confirmation sérieuse.

Ce système de voies organisé de manière très caractéristique se rapproche des habitats créés sur des défrichements au Moyen-Age ou à des époques plus proches de nous. Ce type d'organisation est lié par les spécialistes à des influences germaniques, et nous n'oublierons pas que les tribus belges étaient considérées comme étant mi-celtes, mi-germaines. Quoi qu'il en soit, il diffère tout-à-fait des villages de la rive droite, tels que Gonsiniacas, Rongy ou Maulde, organisés comme la plupart des vieux villages de France selon une structure dite "radiocentrique" (c'est-à-dire se présentant comme les rayons d'une toile d'araignée), dont la commune de Maulde, et son annexe de Fournes, sur le territoire de l'actuelle Bléharies, offre un exemple parfait.

Cette différence montre qu'en réalité rive droite et rive gauche appartenaient à des types de civilisation différents. La rive droite était probablement constituée d'une forêt dégradée, coupée de défrichements et parcourue de nombreuses pistes. Une population sans doute clairsemée y vivait, se partageant entre la culture des champs conquis sur la forêt et la mise au pacage des animaux dans les bois. Il semble que, sauf au hameau de Vieux-Condé à Saméon, où le passage de l'itinéraire Tournai-Cambrai créait un point d'attraction, il n'existait nulle part rien de susceptible de correspondre à un village. La rive gauche au contraire était partagée entre quelques villages, ancêtres de nos villages actuels, dont les terroirs étaient séparés par quelques forêts, comme celle de Blangiacas, attestée par une donation de 937, qui séparait sans doute les villages de Maulde, Gonsiniacas et Rongy, et qui est peut-être à l'origine du nom de "Blanche-Barrière" donné au ruisseau qui coule entre la ferme de Choques et Maulde.

Des auteurs se fondant sur d'autres considérations ont souligné le rôle de frontière tenu primitivement par l'Elnon et la portion de l'actuelle frontière franco-belge qui le .prolonge au delà d'Aix. Ils en faisaient la limite entre le territoire des Atrébates, dont la capitale était Arras, et celui des Ménapiens, dont la première capitale fut Cassel, avant que les Romains ne dévolussent ce rôle à Tournai. Ce caractère de village-frontière qu'a toujours connu notre commune était encore accentué par le fait que l'Escaut lui-même marquait la limite des territoires des Ménapiens et des Nerviens, dont les villes principales étaient Bavai et Blicquy en Belgique.

En ce qui nous concerne, nous trouverons une autre confirmation à ce rôle de frontière tenu par l'Elnon dans le nom de "Point du Jour" qui désigne l'un de nos lieux-dits. Ce nom, qui est l'exact correspondant d'"orient", désigne le point le plus oriental de la rive droite, à laquelle on accédait en empruntant la voie de Mortagne à Marchiennes.


4 - Les invasions franques et La fondation de l'abbaye

Il est impossible d' évoquer le passé de nos régions sans mentionner les invasions barbares et particulièrement celles des Francs, qui y multipliaient les dévastation de la fin du second siècle à l'année 446 qui, avec l'accord de Rome, vit les Francs s'installer à titre définitif au nord de la Somme. Est-il d'ailleurs nécessaire de rappeler que notre pays se nomme la France, et que celle-ci est née à Tournai, lorsque le grand-père de Clovis, Mérovée, s'y installa en 454 (5).

L'abbé de Marchiennes, Jonas de Bobbio, que j'ai déjà cité, décrit ainsi l'état de notre région près de deux cents ans plus tard, dans une traduction empruntée au livre de M. Bernard Duflos : "Au début du VII° Siècle, notre, région appauvrie par la fiscalité romaine, puis livrée au pillage et à la dévastation des Huns et des Francs, s'était progressivement couverte de broussailles et de forêts presque impénétrables que coupaient çà et 1à de grands marécages alimentés par les eaux de la Scarpe et de ses affluents."

Ce texte est intéressant à bien des égards : tout d'abord, il montre bien qu'avant les invasions la région n'offrait pas l'aspect qu'elle présentait alors il confirme ensuite le rôle néfaste de la fiscalité romaine, évoqué à propos du latifundium. Toutefois, l'auteur semble pêcher par exagération tout en effet n'a pas été détruit : c'est ainsi que la villa du Grand Manoir, à Thun, subsiste en un état tel que, deux siècle plus tard, ses occupants y soutiendront avec succès l'assaut des Normands, qui détruiront pourtant l' abbaye: de St-Amand. Le latifundium, qui a sans doute perdu alors sa configuration de que gallo-romaine, est passé dans le patrimoine de la dynastie mérovingienne, en intégrant les villages les plus proches, constituant ainsi le noyau de la future Seigneurie de St-Amand. La population a probablement beaucoup diminué et nombre d'habitants ont sans doute cherché refuge dans des lieux comme WaraMortier et Elnone (6) qu'il était possible d'isoler au milieu d'inondations, qui se transformerons au cours des années en de vastes marécages Les forêts soustraites aux incursions du bétail, par suite de la disparition de lu plupart des habitants, s'épaissiront et reprendront possession de beaucoup de parcelles gagnées jadis à la culture, mais sans que cela n'entraîne l'effacement des pistes qui sillonnaient le pays.

A Lecelles, l'inondation couvrait sans doute toutes les zones que nous voyions submergées pendant les hivers très humides, avant que notre réseau de fossés et l'Elnon ne fussent curés. L'inondation devait s'étendre jusqu'à Coutan, où existe un léger seuil qui y permit l'installation, bien plus tard, d'un moulin à eau détruit par les allemands durant leur retraite en 1918. La zone inondée s'envasa peu à peu, comme on peut s' en rendre compte en observant les mouvements du sol dans le lit majeur autour de Waramortier, et se transforma en un marécage où l'Elnon se mit à divaguer au gré des saisons de l'emplacement de son lit actuel jusqu'au site de la gare, comme le montre la photo aérienne Il semble que c'est lors de ces invasions que fut détruit l'ancien Rongy, qui se trouvait à mi-distance du village actuel et de l'Elnon La forêt reprit possession des champs qui l'entouraient, et s'étendit sur la rive droite jusqu'au chemin qui mène de la ferme de Coutan au Robreux, et sur la rive gauche jusqu'aux alentours de Wabimpré. D'après les archives de la famille Cartigny, le petit manoir actuel aurait été à l'origine un rendez-vous de chasse du château de Rongy, ce qui confirme ce que montre l'examen du parcellaire, c'est-à-dire que jusqu'à une époque récente le bois de Rongy s'étendait jusqu'à Wabimpré. Les censes de Wabimpré, de Dombrie et peut-être aussi de Choques (7), ou du moins-les établissements agricoles qui les ont précédées, dépendaient de l'ancien village de Rongy et furent rattachés à Lecelles après sa destructions. Ceci explique leur éloignement du village. Les multiples détours des chemins qui leur donnent accès sont dus au fait qu'ils reprennent en partie le tracé de voies menant à l'emplacement du village détruit ; ainsi en est il de la portion de la Rue des Fèves joignant le Quartier de la Rue du Carlier, à la frontière belge.

Notons qu'il y a certainement une relation de cause à effet entre la disparition de l'ancien Rongy et la fondation du village de Howarderies. Le nom même de Howarderie est d'origine francque et signifie littéralement "La Grand'Garde", et répond à celui de Lewarde, ancienne bourgade gallo-romaine du Douaisis, situé sur l'itinéraire Tournai-Marchiennes-Arras (8) dont deux des branches étaient justement contrôlées par les villages de Rongy et de Howarderies. Il est fort probable que l'ancien château de la Howarderie, berceau de la famille des Comtes du Chastel, ait pour origine une fortification élevée en cet endroit par les Francs pour défendre le Tournaisis contre les tentatives des Romains pour récupérer les territoires perdus. Ces tentatives furent illustrées par le fameux combat de "Vicus Hellenicus" (10). Il semble que les Francs de la Howarderie se soient opposés à la réoccupation du site de l'ancien Rongy, pour demeurer seuls gardiens de la voie de Marchiennes.

La fondation de l'Abbaye de St-Amand est liée aux invasions barbares en ce sens qu'elle fut favorisée, sinon voulue, par le roi Dagobert (celui de la chanson), qui y vit un moyen de redonner vie à une contrée ravagée par ces mêmes invasions. Toutefois, ce serait se méprendre sur l'importance de cet évènement que de n'y voir qu'une opération de construction comme il y en eût tant après les guerres : il est en réalité l'expression locale de l'immense effort mené par l'Église dans tout l'Occident pour christianiser les campagnes qui en général n'avaient pas été touchées par la prédication de nos premiers évangélisateurs.

Je pense qu'il est nécessaire pour bien comprendre cette importance de retracer les étapes de cette évangélisation des pays occidentaux. Elle a été menée tout d'abord par le Chef des Apôtres, saint Pierre, et par saint Paul, qui ont porté leurs efforts sur le cœur-du monde Romain, constitué par Rome et les Cités Grecques. Comme ce monde gravitait autour des villes, capitales de chaque petit peuple : les "cités", l'évangélisation a tout d'abord été urbaine. Il en fut de même quand les successeurs des apôtres abordèrent la Gaule et s'est pourquoi nos premiers saints furent des leurs pour la plupart : saint Pothin à Lyon, saint Denis à Paris, saint Plat à Tournai. Mais ces villes, qui étaient l'expression la plus achevée de la civilisation romaine, comme en témoigne en notre région les ruines de Bavai étaient fragiles, car elles dépendaient du maintien de relations complexes entre ville et campagne aussi, lorsque les invasions barbares vinrent perturber ces rapport perdirent-elles rapidement de leur importance, et la vie chrétienne qui s'y développait fut-elle gravement menacée. Les évêques restèrent après l'effacement des autorités romaines seuls défenseurs de la civilisation face aux nouveaux maîtres, même lorsque comme Clovis ils s'étaient convertis au Christianisme. Dans les campagnes, dont l'importance s'était accrue du fait du déclin urbain, les barbares se fondaient aux paysans gaulois pour former un peuple nouveau, plus frustes, ayant un esprit différent de celui de l'ancien peuple, et, comme cela s'est produit dans toutes les occasions semblable, il fallut que l'église imaginât des méthodes évangélisation nouvelles. Or ces méthodes existaient déjà elles étaient nées en Irlande et dans l'ouest de l'Angleterre, où les premiers missionnaires avaient porté la Bonne Nouvelle chez des peuples restés en dehors de l'Empire Romain, y développant une civilisation originale autour d'une nouvelle forme ecclésiale : les monastères. Sous l'impulsion de moines comme saint Colomban (vers 550), ces monastères essaimèrent dans tout l' Occident (11), jusqu'en Italie, où fut fondé en particulier le couvent de Bobbio, d'où viendra Jonas, le compagnon d'Amand que j'ai plusieurs fois cité.

Saint Amand compte parmi les plus illustres de ces apôtres qui évangélisèrent les campagnes du nord de la Gaule : tout à la fois moine et évêque de Maastricht (actuellement en Hollande), il suscita la fondation de nombreux monastères auxquels s'attachent les noms de saints comme sainte Gertrude à Nivelles (Belgique). Celle du monastères d' Elnone: aujourd'hui St-Amand, fut son œuvre personnelle Ce monastère fut créé sur l'ancien latifundium, devenu domaine royal qui lui fut donné par Dagobert vers 634.

Il ne paraît cependant pas que saint Amand ait choisi d'emblée le site d' Elnone pour y établir son monastère. Il semble plutôt que partageant son activité missionnaire entre les deux centres de là vallée de l'Elnon : Waramortier et Elnone, il ait tout d'abord établi une communauté dans chacun d'eux. Il y a en effet une complète similitude dans le choix des sites où furent édifiés l'abbaye d'Elnone et notre ancienne église : tandis que l'abbaye de St-Amand se trouvait séparée par la Scarpe du bourg d' Elnone s' agglomérant autour de sa première église déjà consacrée à saint Martin, notre ancienne église était construite un peu à l'écart de Waramortier,.sur la rive opposée de l'Elnon. On constate aussi que ces deux sites ont été choisis de manière à ce qu'il puisse être établi entre eux une liaison courte et directe : l'Elnon, quand les eaux étaient suffisamment hautes pour permettre le passage en barque, cet état de fait interdisant d'ailleurs une liaison par voie de terre; en autres temps,la portion de notre rue des Fèves comprise entre notre ancienne église et St-Amand, dont on peut penser qu'elle aboutissait directement à l'emplacement de la ferme Crommelynck, sans s'infléchir vers la Rue de la Perdrix comme le fait la rue actuelle à proximité des Ets Drenoncourt. (voir le plan de Waramortier).

Si l'on admet cette hypothèse, il faut conclure que la similitude entre le monastère d' Elnone et notre ancienne église allait encore plus loin et qu'elle s' étendait à la manière dont étaient disposés les lieux. On constate en effet que face à la ferme Crommelynck les fossés délimitent une sorte de petite place, à laquelle aboutissait la Rue des Fèves, et qui rappelle, celle, ancêtre de la Grandes Place actuelle, où débouchait l'autre extrémité la rue, face au Prieuré, qui constituait l'entrée principale du monastère. Il est donc possible que nous ayons eu à Lecelles, à l' emplacement de la ferme Crommelynck, un bâtiment conventuel, tandis qu'à droite à l'endroit aujourd'hui marqué par une petite chapelle, se trouvait comme à St-Amand une petite église qui devait. seule subsister pour devenir jusqu'au XVIII° Siècle notre première église paroissiale La similitude du coté gauche aurait été identique : comme à Elnone, on trouvait entre le bâtiment conventuel et l'Elnon un "clos'' qui établit un jardin clôturé Ce clos reste bien visible de. la Rue du Pont des Turcs, mais la photo aérienne montre une particularité qui peut échapper à un observateur au sol, c'est que ce clos a été établi en remblayant une partie du lit majeur de l'Elnon. L'ensemble de ces faits paraît en tous cas suffisamment convergent pour que l'on puisse conclure en définitive que l'abbaye primitive se partageait entre deux couvents situés à Waramortier et Elnone.


5 - Lecelles

La situation décrite au chapitre précédent, qui voyait les moines de saint Amand se partager entre Elnone et Waramortier ne pouvait être que transitoire, car elle répondait aux nécessités de la période d'évangélisation. Celle-ci amenait d'ailleurs notre saint évangélisateur à déborder largement les limites de notre pays de l'Elnon pour étendre son action jusqu'à Gand, où il contribua à. la fondation de l'abbaye saint-Pierre, et jusqu'à la mer, comme en témoigne son compagnon Jonas de Bobbio : "Pendant trois ans, la Scarpe, puis, une fois abandonnés ses barques à fond plat, l'Escaut, me transportèrent, en m'ouvrant leurs voies agréables, jusqu'aux estuaires débouchant dans l'océan, et bien souvent le marécage visqueux de l'Elnon m'a mouillé la plante des pieds, tandis que j'apportais mon aide au vénérable pontife Amand qui,en ces lieux,corrigeait avec le glaive de l'Évangile, les antiques égarements des Sicambres".

Il est probable qu'en asseyant leur autorité dans le pays de l'Elnon, et en y ramenant ainsi la paix, les moines déterminèrent les paysans réfugiés dans la boucle de l'Elnon à Waramortier, à la quitter et à regagner leurs terres, dont nous savons bien combien elles peuvent parfois [être] d'accès difficile. La communauté monastique se regroupa à Elnone, mieux desservie: par la voie d'eau, dont les quelques lignes de J. de Bobbio, que je viens de citer, montrent quelle importance elle prenait au fur et à mesure que se dégradait le système routier hérité des Gallo-Romains. Elnone, suivant en cela sa vocation monastique, deviendra vite l'un des plus brillants parmi les foyers intellectuels de la Chrétienté ; des fils de roi, comme ceux de l'empereur Charles le Chauve, viendront y recevoir ce que leur temps pouvait leur donner de meilleur, et l'abbaye sera le berceau du premier écrit de la littérature française, la cantilène de sainte Eulalie.

Le monastère de Waramortier deviendra pour l'abbaye de St-Amand ce qu'était par exemple celui de la Celle-St-Cloud pour l' abbaye de St-Cloud, une "cella", d'où les moines assurent la mise en valeur de leur domaine, Il est vrai semblable que Lecelles, qui à l'origine s'identifie à cette "cella", commande alors à tout ce qui ne dépendait pas directement d' Elnone, c'est-à-dire aux deux rives de l'Elnon décrites dans les chapitres précédents, et qui comprenait outre ce qui subsistait de Gonsinacas et du hameau de Clair Mortier, ce qui deviendra par la suite Sars-et-Rosières, Rosult, Saméon, Rumegies, Thun, Nivelles. Ces villages s'individualiseront plus tard autour des lieux de culte que les moines essaimeront sur leur domaine, tandis que Lecelles sera ramené à une entité assez imprécise, mais dont l'étendue restera néanmoins considérable, puisque notre commune est l'une des communes rurales les plus étendues du département, si l'on fait bien sûr abstraction des communes forestières comme celles de Locquignol, Raismes ou même St-Amand. L'ancien doyenné de Lecelles qui comme bien des circonscriptions ecclésiastiques perpétue des structures civiles disparues parfois depuis fort longtemps, nous conservait les limites du Lecelles primitif.

La "cella" administrera la partie du domaine monastique qui lui est dévolue par l'intermédiaire des voies construites aux âges précédents, en utilisant le relais constitué par l'ancienne voie de Mortagne à Marchiennes, à laquelle l'accès lui sera donné par le dernier-né des tronçons de notre rue des fèves actuelles, celui compris entre la veille église et le voisinage des Ets Deltombe (voir le plan de Waramortier). A ces liaisons hérités des siècles passés s'ajoutera un itinéraire vers le nord, en empruntant sans doute […] Cet itinéraire passant par Flamsart, le Roteleux, et la Rue Prière à Rumegies (sans doute autrefois la via prior = la Grand'Rue), subsistera jusqu'au XVII° Siècle comme route de Saint-Amand à Lille en incluant la Rue Caillou entre Saint-Amand et Lecelles Elle se substituera ainsi à l'ancienne Rue des Fèves tombée en désuétude depuis l'abandon du site de l'ancien Rongy. Cet itinéraire passant par le Roteleux sera lui-même remplacé au XVIII° Siècle par un nouvel itinéraire qui donnera son nom à notre rue du Grand-Chemin, avant de laisser la place vers les années 1780 à la route actuelle conduisant de Saint-Amand à Lille par Beuvry et Orchies.

Mais revenons en aux origines de Lecelles. La cella sera sans doute détruite parles Normands en 883 en même temps que l'abbaye de St-Amand, dont les moines se seront réfugiés à l'abbaye St-Germain-des-Prés à Paris, dont l'abbé, Gozlin, était également abbé de St-Amand. Cet abbé est d'ailleurs le même Gozlin qui s'illustra en compagnie du Comtes Eudes en défendant Paris contre les Normands. Les Moines de St-Amand ramèneront de Paris les reliques de St-Denis que nous vénérons aujourd'hui encore en notre église. Ils donneront ces reliques à église de la cella qui deviendra ainsi notre première église paroissiale, et qui dès l'origine aura donc pour patron Saint Denis. Il est probable que dès cette époque le site de Waramortier est lui aussi abandonné : un nouvel hameau naîtra sur: l'autre-rive de l'Elnon autour de l'église Il est probable encore que les nombreux fossés, tous larges et profonds, que nous y .voyons aujourd'hui, sont le résultat des travaux menés par ses habitants pour mettre leurs chaumières à l'abri des eaux en exhaussant les terrains où elles étaient édifiées au moyen des terres provenant des fossés. Il est encore probable que ces mêmes fossés permettront d'accéder en barque depuis l'Elnon jusqu'à ces maisons. Ceci donne l'occasion de préciser que contrairement à bien des idées reçues, la nature alors très humide des bords de l'Elnon était un facteur propre à attirer une population, qui pouvait y trouver une part de ses ressources alimentaires sous forme de poisson. Les recherches faites sur le site du village mérovingien de Brebières prés de Douai attestent ce fait. On peut d'ailleurs se demander si l'une des causes de l'abandon progressif du site de notre ancienne ég1ise ne se trouve pas dans les travaux d'assèchement menés par l'Abbaye de Saint-Amand dans la vallée de- la Scarpe et de L'Elnon, travaux qui se seraient concrétisés par le creusement du lit artificiel de l'Elnon passant par le Pont des Turcs. Ce terme un peu énigmatique de "Pont des Turcs" ne serait pas ainsi lié à la venue très improbable de sujets de l'empire ottoman en notre vallée de l'Elnon, mais dériverait du verbe latin "detorquere" qui veut dire tout simplement "détourner".

A partir des invasions normandes, la vie locale se développera surtout autour des fermes que l'abbaye exploite sous direction directe des-moines et qui sont les ancêtres des "censes" actuelles : Choques, Coutant, Dombrie, Flamsart, Wabempré, Herbaumez (aujourd'hui disparu). Nous avons vu que Dombries est plus ancien et remonte probablement à l'époque, gallo-romaine. Il en est sans-doute de même de Choques, qui est peut-être le site le plus vieux de notre village et dont le nom signifie "ceinturé" (Choques est en effet entouré d'un large vivier). C'est encore le cas pour Coutan ; la photo aérienne montre en effet quelques traces d'un ancien chemin qui reliait directement cette ferme à Gonsiniacas, et sur lequel continuent d'être alignés ses bâtiments actuels, ce qui explique sans doute son nom. Les gens qui s'emploient sur ces fermes, se grouperont le plus souvent à l'écart des voies existantes dans des hameaux qui donneront naissance en particulier à la Rue Dombrie, à la Rue de choques et à la Rue du Rivage. Notons que cette dernière rue doit son nom au fait que l'endroit où elle franchit l'Elnon était sans doute le point ultime que l'on pouvait atteindre en barque en venant de [...]

6 - Du Moyen-âge à nos jours

Nous venons de voir comment à l'aube du Moyen-Age achevaient de se mettre en place les divers éléments de la topographie lecelloise Ces éléments ne varieront que peu par la suite, et ce n'est qu'au 18' Siècle qu'elle recommencera à évoluer vers la forme que nous 1ui connaissons aujourd'hui. Seule la répartition de l'habitat -semble avoir connu des changements importants, et encore seulement sur la rive gauche (coté Mairie), ainsi que le montre le découpage -du parcellaire actuel. Celui-ci montre en effet qu'à des époques «qu'il est impossible de préciser, des chemins aujourd'hui isolés dans les champs étaient bordés de quelques habitations. Ainsi en est-;i1 de la portion de la carrière dé Wabimpré adjacente à la Rue des Fèves, et du fossé, alors bordé d'un chemin maintenant disparu, qui traverse la Froidure à mi-distance entre la Rue des Fèves et la Rue Lasson. On peut penser que ces fluctuations dans l'implantation de l'habitat sont liées aux divers destructions qu'a connues notre village pendant cette période de l'Histoire.

J'en retracerai les grands traits de manière à faire mieux percevoir comment cette période a préparé la mutation que notre village a vécu à partir du 18° Siècle et qui continue à animer sa vie. Lecelles et la Seigneurie de St-Amand, à laquelle notre village appartenait, font partie du Tournaisis depuis que les rois mérovingiens ont élu Tournai comme première ville royale. Si cette ville est restée dans le domaine royal jusqu'au règne de Louis XII au même titre que Paris, Orléans et l'Ile-de-France (à l'époque de Jeanne d'Arc, Tournai se classera par sa population au 4° rang des villes du Royaume après Paris, Rouen et Orléans) , la Seigneurie de St-Amand connaîtra un destin un peu différent en passant sous la protection, puis sous la souveraineté des Comtes de Flandre. Mais en 1297, sous le règne de Philippe le Bel, elle fera retour au domaine royal (et non au royaume, puisqu'elle n'avait cessé d'en faire partie, les comtes étant vassaux du roi de France). Comme, Tournai, dont elle dépend désormais, elle subira les contrecoups des luttes qui opposèrent tout d'abord la royauté aux Comtes de Flandre, puis durant la guerre de Cent Ans aux rois d'Angleterre aux cotés desquels ces comtes s' étaient rangés Ceci vaudra à notre village de connaître la destruction à deux reprises, en 1303 et en 1340.

Au XVI° Siècle, les rois d'Espagne, dont la dynastie est issue de celle des Comtes de Flandre par les Ducs de Bourgogne, et qui sont à ce titre maîtres du Comté, reprennent les hostilités contre le Royaume de France. Pour ce faire, ils se sont alliés au roi d'Angleterre Henri VIII, et en 1513 ils viendront avec lui . assiéger et prendre Tournai. Bien qu'étant rentré en possession de la ville pour quelques années(1517-1521), François Ier, successeur de Louis XII, doit finalement l'abandonner à l'Espagne par le traité de Madrid de 1526. La Seigneurie de St-Amand est donc alors rattachée de plein droit au Comté de Flandre, sur lequel les Rois de France renoncent à tous leurs droits, et qui passe donc sous la souveraineté souveraineté espagnole Cette domination espagnole qui devait s'achever par la prise de Tournai par Louis XIV en 1667 fut marquée par les luttes qui opposèrent au XVI° Siècles catholiques et protestants Aux émeutes fomentées par les protestants et qui furent marquées par la destruction des sculptures de la cathédrale de Tournai (août 1566) succéda une répression féroce qui contraignit les protestants à l'exil, ôtant au Tournaisis une bonne part de ses forces vives. Ces protestants essaimèrent à travers la France, 1' Angleterre, la Hollande et l'Allemagne néanmoins, l' accessions au trône des Pays-Bas de l'archiduchesse Isabelle d'Espagne amena l'apaisement et le Tournaisis retrouva une prospérité qui permît en particulier à l' abbé Dubois de reconstruire l'abbaye de St-Amand et d'y édifier la splendide abbatiale, dont seule reste le clocher aujourd'hui (1637-1648).

Si en ses débuts la conquête française renforça cette prospérité, elle fut malheureusement suivie d'une longue suite de guerres qui désolèrent le Tournaisis, et dont le Journal de l'Abbé Dubois, curé de Rumegies (et différent du précédent) , donne un témoignage émouvant. La dernière d'entre elles, celle de la Succession d'Espagne, par laquelle Louis XIV entendait imposer à l'Europe le maintien des droits de son petit-fils, le Duc d'Anjou, devenu roi d'Espagne, au trône de France, amena la perte de Tournai en 1708. Malgré la victoire de Denain, le Roi dut abandonner au traité d'Utrecht, qui mit officiellement fin à la guerre en 1713, la plupart des conquêtes faites dans les Pays-Bas après 1667. Seule lui fut laissée une partie du Tournaisis et les diplomates français eurent à choisir entre le maintien dans le Royaume de Tournai et de des environs immédiats, ou la conservation de Condé et de St-Amand. Ce fut cette dernière solution qui fut adoptée pour préserver les intérêts de la navigation sur l'Escaut. En fait ce choix ne répondit pas tout-à-fait à ce que l'on en attendait : la nouvelle frontière faisait en effet passer Maulde et Mortagne sous la dépendance de l'Autriche, ce qui permît à ce pays, en réponse aux restrictions faites par les français sur le trafic s'opérant à Condé entre Haine et Escaut, d'entraver à Mortagne le transit entre Scarpe et Escaut. La nouvelle frontière maintenait le village de Howarderies à l'intérieur du royaume, tandis que Rongy était rattaché aux Pays-Bas ; à Lecelles, la frontière passait entre les fermes Dombrie et de Choques, cette dernière étant rattachée à Maulde, suivait la Rue de Chorette et se prolongeait au delà de la Scarpe, laissant Nivelle, Thun et Château-l'abbaye sous la souveraineté des Pays-Bas. Légies, Wiers et Hergnies étant restés français, ces villages formèrent une enclave autrichienne dans le Royaume. Cette situation embrouillée était due à l'imprécision des termes du traité d'Utrecht, et la France contesta dès sa conclusion l'appartenance de Mortagne et de ses environs aux Pays-Bas autrichiens. Il en résultat que les protestants qui avaient fui la France à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes trouvèrent dans cette région la possibilité de s'y installer sans être exposés aux persécutions ainsi que se constituèrent les communautés protestantes de Rongy et de la Rue de Chorette Le premier temple qui fut édifié rue de Chorette le fut, non pas coté Lecelles, comme le temple actuel, mais de l' autre coté de la rue, le long de la ruelle Loiseau. La tradition veut qu'il y ait eu également un cimetière protestant à la ferme de Choques, dans le verger actuel.

Mais nos pays vont connaître une fois encore la guerre à l'occasion de la Succession d'Autriche Elle commence en 1744 par l'invasion de la Flandre autrichienne, mais les opérations contre Tournai ne commenceront qu'en 1745, ce qui laissera le temps à son gouverneur militaire d'isoler la ville en tendant des inondations qui s'étendront jusqu'à la vallée de la Scarpe, et donc jusqu'à celle de l'Elnon. On peut penser que se reproduisit alors la situation de 1710, qui dans des circonstances analogues, vit l'eau monter à un mètre de hauteur au maître-autel de notre église, qui était encore celle du Pont-des-Turcs.

Cette guerre, qui, à part la bataille de Fontenoy, se sera pour une fois déroulée largement à l'écart de nos frontières, ne mettra pas un terme à l'ère de grande prospérité qui marqua le règne de Louis XV. Elle permettra au contraire de faire aboutir les négociations menés à propos de Mortagne grâce à la conclusion des traités de Courtrai de 1749 et 1759 qui établirent la frontières dans son tracé actuel. Cet heureux aboutissement permettra aux édiles lecellois d'œuvrer enfin à la réforme de notre village: tout d'abord, notre ancienne-église, trop exposées aux inondations, qu'elles fussent le résultat du mauvais entretien des fossés et ruisseaux pendant les périodes de crise, ou qu'elles fussent sciemment provoquées, est abattue, de toute manière elle est trop éloignée du centre géographique du village. Nos édiles décident donc d'implanter la nouvelle église au carrefour de la route de St-Amand à Lille et d'une nouvelle voie (la Rue Neuve) qui servira de trait d'union entre les deux rives de l'Elnon. L'abbaye de St-Amand procédera à la rénovation des censes qu'elle possède à Lecelles : c'est ainsi que sont construites les granges de Choques (où l'une des poutres maîtresses est gravée d'une intéressante inscription qui rappelle cette construction) et de Dombrie ; cette dernière servira à engranger la dîme, c'est à dire la part de récolte prélevée à titre d'impôt en nature. De nombreuses autre constructions ont été faites à cette époque qui marque la fin de celles faites en chaume et en torchis, dont nous avons malheureusement laissé disparaître la dernière qui subsista à Lecelles, face à la mairie. Le pays de St-Amand connaît une grande prospérité et est renommé pour sa production de lin. Un agronome anglais Sir Arthur Young, qui parcourut la. France pendant plusieurs années, dira des champs de lin qu'il vit autour de St-Amand en 1786 qu'ils sont les plus beaux. d'Europe. C'est 1'époque où St-Amand voit s'installer l'industrie de la céramique importée de Tournai et ou se fondent les premières brasseries : Bouchart à St Amand, celle du Corbeau et celle de Coutan à Lecelles.

La guerre d' Amérique,bien que victorieuse épuisera les finances de la France et amènera une crise économique, encore aggravée par les hivers rigoureux des années 1780. Cette crise mit en cause le système politique et social, dont l'évolution n'avait. pas suivie celle des esprits, et fut la cause directe .de la Révolution Française. Je ne m'étendrai pas sur cette. époque qui justifierait que lui soit consacré un livre tout entier, grâce aux registres de correspondances du maire Auguste Simon, heureusement conservés dans nos archives municipales. Notre village connut tour à-tour 1a « drôle de guerre » avec l'installation sur la butte de Maulde de l'armée Dumouriez après sa victoire de Valmy, ses intrigues comme le passage à l'ennemi de son commandant en chef, l'occupation autrichienne, ses réquisitions, ses "collaborateurs", et enfin-au retour des français l'épuration par application de la loi sur les émigrés. Il connut encore la Terreur et la persécution menée contre les prêtre réfractaires : c'est ainsi qu'un jeune prêtre Lecellois, l'abbé Monnier, oncle du futur évêque de Cambrai, passa quelques mois cachés dans une soupente de la ferme paternelle (aujourd'hui Ets Dugauquier). Les guerres napoléoniennes et le tirage au sort prélèveront leur lourd tribut sur la population masculine, les Lecellois parcourront toute l'Europe, et un état de 1816 mentionne que l'un d'eux a été démobilisé à la fin de la guerre à Dantzig.

La situation dans laquelle cette guerre laisse notre région après Waterloo est très proche de celle décrite au siècle précédent par l' abbé Dubois. Lecelles est occupé successivement par les anglais et les Hanovriens qui réquisitionnent une partie des terres du village pour y établir un champ de manœuvres; de nombreux incidents opposent leurs soldats à la population : nombreux sont en effet ceux dont la patrie a connu l'occupation napoléonienne, et lorsque ils sont ivres, ce qui leur arrive souvent, ils manifestent leur rancœur en s'en prenants aux militaires rentrés aux pays, Mais le pis est la profonde misère dans laquelle est plonge une partie de la population : ne constate-t-on pas le passage chaque jour à Lecelles de prés de mille mendiants; passe encore pour ceux qui sont originaires du village,mais l'on ne saurait admettre en plus ceux venus des communes voisines. On envisage alors à leur égard des mesures qui rappellent celles prises par les nazis à 1'égard des Juifs Heureusement il n'y est pas donné suite. Les pauvres qui se refusent à la mendicités trouvent des ressources dans la contrebande : ils forment une communauté, en marge des lois qui a élu le pont des Turcs comme point de rassemblement nocturne, ils détruiront celui-ci en précipitant ses lourdes pierres au fond de l'Elnon. Heureusement Lecelles a avec son maire et ses conseillers des hommes capables de ramener le village à une vie normale. La grande préoccupation d'Auguste Simon est de donner du travail à tous : pour cela il lui faut de l'argent, et la meilleure manière de s'en procurer est de faire rembourser par administration les réquisition opérée par les armée napoléonienne et alliées et qui demeurent impayé pour la plupart; i1 y consacre toute son énergie, multipliant démarches et lettres, dont la dureté de langage de certaines a du bien souvent heurter la susceptibilité de l'administration préfectorale. Avec les moyens ainsi rassemblé, il emploie les pauvres durant l'été à curer les fossés, à entretenir les chemins et à couper les saules qui les bordent, et qui empêchant par leur ombre l'assèchement des mares qui les couvrent, en précipitent la dégradation. L'hiver, il leur donnera du charbon pour qu'ils puissent s'employer en famille dans leurs maisons au travail du lin. Ce qui est remarquable, c'est la foi dans l'avenir qui transparait dans toute son œuvre et qui distingue son temps de celui de l'abbé Dubois, où l'on entretenait nul espoir de pouvoir changer le cours des chose c'est dans ce changement d'attitude qu'on mesure l'évolution survenue, au cours du 18° Siècle,et cela, permet de mieux comprendre la Révolution Française. On est réellement entré dans l'ère contemporaine : bien des détails le confirment : le recrutement d'instituteurs pour l'éducation des jeunes Lecellois, le souci de trouver une sage-femme gui s'installant au village serrait en mesure d'apporter aux mères des soins que l'éloignement des autres rendait souvent inopérants, le souci encore d' améliorer le travail du lin en se procurant auprès d'un fabriquant innovateur une machine qui d'ailleurs ne donnera pas satisfaction.

On comprend que débutant sous de tels auspices, le 19° Siècle, période qu'il est d'usage de prolonger jusqu'à 1914, fut le grand siècle de Lecelles. Il suffit pour s'en convaincre de constater que la plupart de nos fermes et de nos maisons date de cette époque. Songeons aussi au travail qu'a représenté le pavage de nos chemins, eu égard aux moyens du temps. Encore l'œuvre de la municipalité ne se limite-t-elle pas là : elle poursuivit la rénovation du centre de Lecelles en ouvrant les deux bretelles qui relient la rue de l' église -(route de Roubaix) aux extrémités du Grand'Chemin. Il y eut aussi la création de la voie ferre conduisant de St-Amand à Tournai, et s'accompagnant de l'ouverture d'une station à Lecelles. L'initiative privée prit le relais des pouvoirs publics en installant dans le village une sucrerie, (devenue Ets Lecel après 1918) et une tannerie.

Je limiterai là mon propos : les guerres de 1914-1918 et de 1939-1945, qui firent revivre aux Lecellois les temps funestes que connurent trop souvent leurs ancêtres restent suffisamment présent aux esprits pour qu'il soit besoin de les évoquer. Quelques minutes passées devant le monument aux morts suffiront à ceux qui ne les ont pas connues pour comprendre quelle somme de souffrances elles ont représentés pour les générations qui les ont vécues.

Je ne formulerai pour conclure qu'un seul souhait : que la continuité soit assurée et que la même volonté qui anima nos ancêtres nous permette de faire notre village un village vivant.


Michel Drappier 1931-2003.

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer